Comment estimer les différents niveaux d’avalanche ? Avec l’arrivée il y a quelques jours de la neige, le risque d’avalanche est marqué voir fort dans une majeure partie des Alpes. L’occasion de faire une petite piqûre de rappel pour évaluer le risque d’avalanche. Comment estimer les différents niveaux d’avalanche ? Que faut-il savoir pour bien lire un bulletin d’avalanche ? Voici quelques réponses.
L’indice de risque avalanche
Disponible sur Internet la veille dès 16 h ou affiché à l’arrivée des remontées mécaniques, l’indice de risque avalanche est probablement l’information la plus partagée et la plus connue avant une sortie hors-piste. Voici comment bien estimer les différents niveaux d’avalanche en fonction de l’indice :
- Indice 1 : risque faible. Les conditions sont bonnes, le risque est faible et une grande majorité des itinéraires est possible.
- Indice 2 : risque limité. Les conditions sont favorables, excepté pour certaines pentes à éviter (généralement à cause d’une forte exposition au soleil ou au vent et/ou dû à un degré de pente très raide).
- Indice 3 : risque marqué. Beaucoup pensent que le risque est moyen. Rien ne pourrait être plus faux. Cela signifie que l’instabilité du manteau neigeux est marquée et que de nombreuses pentes peuvent présenter un risque d’avalanche. Un risque 3 vous obligera à bien réfléchir sur l’itinéraire que vous souhaitez prendre, à analyser spécifiquement les différentes pentes et expositions. Le manteau neigeux est instable et différents types d’avalanches peuvent survenir.
- Indice 4 : risque fort. Ce quatrième palier indique que le manteau neigeux est instable. Il est de ce fait préférable de choisir des pentes peu raides et encore une fois, de bien choisir son itinéraire. Le mieux étant de se limiter aux pistes balisées pour éviter de se mettre en danger.
- Indice 5 : risque très fort. Le plus haut palier est atteint avec le risque 5, qui traduit de nombreux départs d’avalanche. Certains souhaitent le rebaptiser « risque extrême ». Si l’indice 4 doit vous inciter à renoncer ou tout du moins à prendre le minimum de risque, l’indice 5 quant à lui conseille TRÈS fortement d’abandonner le hors-piste. Le message ne peut être plus clair.
À retenir :
Werner Munter, un guide et expert nivologue reconnu estime que le danger d’avalanche potentiel, double d’un degré à l’autre. Un risque 3 est donc 4 fois plus élevé qu’un risque 1.
Comment lire un bulletin d’avalanche ?
Pour aider les skieurs, chaque station met à disposition un BRA, pour Bulletin d’estimation du Risque d’Avalanche. Cet outil d’aide à la décision vous permettra de connaitre les conditions actuelles de la neige et du massif concerné. Il a été créé par Météo France en collaboration avec les pisteurs nivologues de plusieurs stations.
Sur le BRA, vous trouverez :
- Un indice de risque : de 1 à 5 ;
- Les orientations les plus dangereuses (est/ouest/nord-est…) ;
- Une évaluation de la hauteur de neige hors-piste et de la neige fraiche ;
- Une analyse du manteau neigeux (effets du vent, différence de températures, couche fragile).
Les données que vous retrouverez sur le Bulletin d’estimation du Risque d’Avalanche sont facilement compréhensibles. C’est donc un document bien plus complet et précis que les indices de risques, trop réducteurs. Sans compter que beaucoup se trompent sur l’interprétation des indices. Ces informations vous permettront d’estimer les différents niveaux de risques d’avalanche et ainsi de déterminer les itinéraires les moins sujets à ce phénomène physique. En effet, même un risque 2 ne signifie pas que la voie est libre, mais seulement que l’instabilité est limitée à quelques pentes. Les informations complémentaires du BRA vous aideront à identifier ces pentes à risque.
Votre analyse sur le terrain
Lire et comprendre le BRA c’est bien, l’appliquer et choisir une stratégie une fois sur le terrain, c’est mieux.
La première étape est celle de l’observation. En haut de votre itinéraire, regardez les différentes possibilités de trace que vous avez et le degré de pente. Soyez également vigilant aux dômes, plaques et ruptures de pentes qui paraissent suspectes afin de les éviter.
Le bruit est également un très bon indicateur pour une bonne estimation des risques d’avalanche (le « woom » émis par la neige traduit l’affaissement d’une couche de neige en profondeur, le manteau est donc très instable). Il faut en effet distinguer les avalanches « spontanées » de celles provoquées par les skieurs. La réaction de la neige à votre passage doit vous alerter sur un risque potentiel.
Pour finir, les fissures et les vibrations sont également des indicateurs importants pour choisir votre itinéraire. Évitez les larges pales de neige qui surplombent une barre rocheuse, elles s’avéreront dangereuses en cas d’avalanche ou même d’une simple coulée.
Communiquez !
Soyez sûr de l’expérience et du niveau des gens qui vous accompagnent. Il est très important de communiquer ensemble avant de débuter votre descente pour expliquer votre itinéraire. Restez humble et précis sur votre niveau, sur les difficultés que vous pouvez gérer, les obstacles que vous vous sentez capable d’affronter, sur le degré de pente qui vous semble acceptable. Personne ne fera le fanfaron coffré dans une avalanche. Soyez clair et honnête.
Prenez le temps de choisir ensemble différentes échappatoires. En fonction du niveau de risque, des avalanches peuvent également se déclencher sur des pentes éloignées, mais vous menacer aussi. Soyez toujours vigilant.
Équipement : DVA, pelle et sonde
Votre DVA est obligatoire pour toutes sorties en hors-piste, cela doit devenir un vrai réflexe pour vous. Le DVA (Détecteur de Victime d’Avalanche) est un appareil émettant un signal et vous permettant de retrouver ainsi une victime rapidement sous une avalanche. Qu’importe le modèle ou la marque, tous les DVA communiquent entre eux sur une fréquence de 457 kHz.
Lorsqu’un signal est trouvé, il faut alors sonder la neige afin de localiser précisément la victime, pour pouvoir ensuite la dégager à l’aide de votre pelle et sonde. Le trio DVA-Sonde-Pelle est donc indispensable pour trouver puis dégager le plus efficacement possible une victime. Bien choisir sa pelle et sa sonde est donc un facteur clé pour bien les utiliser !
Les journées de prévention
Les écoles de ski, les stations ou encore certaines associations proposent des ateliers de prévention du risque en hors-piste. Vous y apprendrez à estimer les différents niveaux de risques d’avalanche, lire un bulletin d’avalanche, à analyser votre environnement, à avoir les bons réflexes en cas d’avalanche et à utiliser votre matériel de sécurité. Un vrai plus en cas de pépin !
Deux erreurs bêtes à éviter et qui pourraient vous couter cher : être en panne de batterie ou ne pas l’avoir oublié. La veille d’une sortie hors-piste, pensez à recharger votre détecteur. Cela vaut aussi pour votre téléphone portable, afin de pouvoir prévenir les secours en cas de pépin. Le jour J, dans l’excitation du moment, avant de vous lancer sur les pentes de neige fraîches, trop de skieurs se laissent emporter par l’euphorie du moment. Pause : faites un tour de table et vérifiez que chacun de vos partenaires freeride a bien allumé son DVA.
Dernier conseil :
Renoncez quand il le faut et restez humble face à la montagne. Si vous ne le sentez pas, ne prenez aucun risque.
Si une sortie hors-piste peut être un véritable boost d’adrénaline, aux sensations de glisse inégalables couplées à un sentiment de liberté indescriptible, le rêve peut rapidement tourner au cauchemar si les conditions ne sont pas réunies. Pour que le freeride reste un plaisir, assurez-vous de bien lire le bulletin d’avalanche, afin de bien estimer les risques potentiels d’avalanche, de vous équiper en conséquence et de bien étudier votre itinéraire avant d’y poser vos spatules.
Les trois points-clés à retenir :
- Je m’informe sur les conditions du manteau neigeux avant toute sortie grâce au BRA ;
- Je m’équipe du matériel de sécurité indispensable (DVA, pelle, sonde) ;
- Je pratique selon mon niveau et avec des skieurs au niveau équivalent.